L’hôtel se dressait devant lui, illuminé par les néons de l’entrée ainsi que des lampes provenant des différentes chambres dont les fenêtres donnaient sur la rue. Grand et luxueux, il était parfait pour passer quelques nuits. Mais jamais plus. Honek ne restait jamais très longtemps quelque part. Il se déplaçait constamment, allant de villas en hôtels, d’appartements en pavillons, pour que jamais on puisse le localiser. Tout du moins, aussi longtemps que possible.
Vous trouvez cela lâche ? Honek appellerait cela de la prudence et un moyen de préserver sa vie privée. Pas plus compliquer que ça. Il n’avait aucune envie que l’Amnistia débarque chez lui alors qu’il était tranquillement en train de lire le journal du matin, une tasse de café à la main. C’est peut-être une image saugrenue mais l’idée est là.
Le chef de mafia entendu son larbin arriver derrière lui, portant les bagages qu’il avait emportés.
- Monsieur Kagan ! Votre va… !
- Je croyais t’avoir dit de ne pas m’appeler ainsi ! le coupa Honek d’un ton sec et cassant.
- Désolé monsieur Baranov
Honek ne faisait déjà plus attention à lui. Pourquoi l’aurait-il fait ? Ce n’était qu’un môme de vingt ans qui venait de se faire enrôler. Alors pour quelle raison lui aurait-il accorder un quelconque regard ? A lui de faire en sorte d’être remarqué et de faire ses preuves.
Honek s’avança et passa l’entrée de l’hôtel. Le hall était grand et haut, à l’image du bâtiment. La moquette était d’un rouge sombre alors que la tapisserie était blanche avec une frise rouge, toute simple. Les meubles étaient en bois de chêne massif, allant parfaitement bien avec les couleurs de la pièce.
Arrogant comme à son habitude, Honek s’approcha du comptoir d’un pas sûr et posé. L’employé l’accueillit aimablement, comme ils le font toujours et lui donna les papiers et les clés de la chambre. La plus grande et la plus luxueuse, cela va sans dire. Il avait suffisamment d’argent pour se permettre ce genre de choses.
Il jeta les clé vers le gamin qui dût lâcher la valise pour les attraper. Par mal chance (pour lui), le bagage tomba sur ses pieds, lui faisant pousser un petit cri pitoyable et lâcher les clés. Honek leva les yeux au plafond d’un air exaspérer. Quel empoté ! Certes, il l’avait fait exprès pour qu’il lâche la valise mais tout de même ! Se faire écraser les pieds aussi bêtement ! Bah faut bien quelques larbins dans une mafia…
- Monte la valise dans la chambre, je te rejoints plus tard.
Sans même lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, Honek lui fourra les papiers avec le code dans la main et se dirigea vers le bar situé à côté du hall. Bizarrement il n’y avait pas beaucoup de monde. Juste un jeune couple qui se bécotait, une petite famille de riche, un ivrogne, et… une jolie brunette qui semblait attendre quelqu’un ou quelque chose. Elle était assise à un table situé à côté de lui.
Soupirant, Honek s’appuya contre un mur et sortit son paquet de cigarette de la poche intérieure de son blouson de cuir. Il mit une des cigarettes en bouche et commença à l’allumer sans se soucier le moins du monde du serveur qui venait à sa rencontre. Il tira une bouffée de fumée quand il daigna lever les yeux vers lui.
- Monsieur, est-ce que vous pourriez éteindre votre cigarette, s’il vous plait. Il s’agit d’une zone non fumeur.
Honek ne lâcha pas cet emmerdeur du regard, gardant ses yeux gris dans ceux du serveur. Il retira sa cigarette de la bouche, la tenant entre l’index et le majeur, s’avança vers l’employé avec lenteur. Puis, toujours avec l’arrogance qui lui était propre, il lui souffla la fumée en plein visage.
- Mais bien entendu, répondit Honek avec son sempiternel sourire mauvais.
Il s’empara de la main de cet empêcheur de tourner en rond et y déposa la cigarette toujours allumée.
- Je vous la confie. Et, pour la peine… servez-moi une Vodka !
Toujours aussi désagréable et arrogant ! Ce serveur avait eu de la chance qu’Honek se soit trouvé dans un lieu public. Dans quel cas, il se serait senti obligé de le tuer pour avoir oser lui donner un ordre. Le genre de chose qu’il ne supportait pas et qu’il ne fallait jamais faire ! Sous peine d’y perdre la vie.
Et il avait également eu la chance qu’Honek soit plutôt de bonne humeur et patient. Sinon il aurait récolté autre chose qu’une simple cigarette dans la main.
Tranquillement, Honek s’assit à la table juste à côté de la brunette vers laquelle il jeta un œil. Elle était plutôt mignonne, d’ailleurs. Pourquoi ne pas faire connaissance pour passer le temps ? A cette réflexion, Honek se leva et prit place en face d’elle, la gratifiant d’un sourire.
- Bonsoir mademoiselle, fit-il. Puis-je profiter un peu de votre compagnie ?
Evidement, ça n’était pas vraiment une demande. Il ne comptait pas bouger de là sans avoir un minimum discuté avec elle.